DISCOGRAPHY : SINGLE : UNKNOWN MYSTERIOSO #1
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Unknown Mysterioso : "Unknown Mysterioso"
Karat 12"
karat03, 2000
1 Taimz (04:15)
2 Enveloppe (04:03)
3 Surphase (03:45)
4 Damnark (01:09)
5 Sueur De Table (14:00) |
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Reviews
Kantizer (T.I.M.E.C.)
Avec "Unknown Mysterioso I & II", nous entrons effectivement dans le monde complexe et innovant de Ark. Si l'on reste dans le domaine d'une musique technoïde assez dancefloor à en voir les mouvements de tête de gratteux du Muppet-show de Keukeu ou du public sur certains titres, il apparaît clairement que l'on sort largement de ces strictes limites du "dancefloor" pour s'aventurer dans la jungle du son sur d'autres morceaux.
On trouve là toute la force de cette musique qui nécessite du temps avant d'arriver à maturité. Avant que Nous arrivions à maturité. Car c'est un grand bonheur, tout de même, rare qui plus est de nos jours, que de découvrir ou redécouvrir des morceaux et des maxis avec le temps. C'est cette spécificité que j'acollerais à Ark plutôt qu'une étiquette sur des styles. On retrouve dans sa musique une plongée dans les méandres de la sonorité, elle qui ne connaît pas de limites stylistiques. Certes, vous trouverez de bonnes bombes excitantes appuyées par un kick massif ou une bonne basse, mais rien n'est ici facile, formaté pour plaire aussi vite qu'il lassera. A l'instar de Todd Edwards ou de la transposition allemande plus technoïde, on pourrait presque dire que Keukeu sait jouer de silences pour s'exprimer (uniquement en musique!).
Les innombrables sons, reconstruits, coupés, clairsemés, que l'on va jusqu'à reconstituer ou prolonger mentalement, nous entraînent face au calme plat d'une mer d'huile hypnotique, contemplatifs, pour aussitôt nous projetter dans la houle tumultueuse de vagues tranchantes d'une noirceur telle que l'on se demande si Ark n'était pas mineur dans une autre vie. Ça titille notre imaginaire et on finit bien souvent derrière les platines, incapables de réfréner notre envie de participer à ce décollage en règle. Il faut dire qu'avec quatre morceaux sur chaque maxi, entre techno-house, tek minimaliste frôlant parfois l'ambiant par la force suggestive de ses nappes, des breaks indus-afro-vaudou ou d'une noirceur sans nom, et des boucles qu'on oublie d'arrêter, le compte est bon, on en ressort essouflé ou en sueur.
Une musique envoutante, empreinte d'une touche personnelle qui s'apparente à une émotivité à fleur de peau dans un monde industriel. Il est peu fréquent d'avoir cette sensation de la particularité, paradoxalement à la diffusion du home studio en musique, de nécessiter tant de recul face à la subjectivité de nos goûts, d'autant plus, évidemment, s'il y a affinités personnelles avec l'auteur. Mais l'auditeur que je suis bois le temps qu'il lui est nécessaire pour absorber la quantité d'impressions et d'informations à gérer dans une production pourtant souvent minimaliste.
Comparer la musique de Ark à une mer revient à vous prévenir de vous munir de votre maillot de bain (enfin, c'est comme vous préferez) pour se baigner dans ce laboratoire expiatoire autant qu'échappatoire qu'est la musique en général, celle de Keukeu en particulier. |
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