Jeff Buckley : "Sketches for my sweetheart the drunk"
Label : Columbia
Distributeur : Sony
Date d'enregistrement : 1998
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La dualité de Jeff Buckley a toujours été évidente. Impressionnant rocker un jour, insupportable vocaliste onaniste le lendemain (Passage du Nord Ouest, Paris - crème spermicide recommandée, Olympia, Paris - boules quies non fournies) il a néanmoins impressionné les tympans les plus bougons comme les plus raffinés. "Grace" son premier album agaçait par sa production passe-partout, sans accros (et ses 4 f dans Télérama), mais Buckley nous promettait un deuxième album plus... rock. "Chouette!" se disait-on à l'écoute de la 'road version' d' "Eternal Life". Seulement le gars s'est bêtement noyé avant le fin de l'enregistrement. Aie aie aie. En moins de temps qu'il ne faut pour dire 'Starsailor who?' Buckley devenait un ange passé sur terre pour délivrer un message de paix et d'amour, un génie terrassé trop tôt (vous avez remarqué comme les génies en musique et au cinéma ont fait bien peu de choses?) et surtout une manne céleste pour Sony musique et ses marketteurs de viandes froide. Rééditions avec bonus, singles à profusions, singles promos qui se dealent des fortunes, et soudain l'annonce de la sortie imminente du nouvel album. Les fans et le frère de Dalida tendent l'oreille en ricanant et soudain apparaît "Sketches for my sweetheart the drunk", pas un mais deux CDs avec pleins de nouvelles chansons gravées dessus. Oh ben ça alors. On jette une oreille dessus, l'estomac bien accroché et, on reste tétanisé. Le premier CD renferme donc ce qu'aurait du être le deuxième album, un condensé de chansons pur Buckley mais cette fois nanti d'une production travaillée mais qui n'étouffe pas l'humanité et la chaleur de son auteur. La voix, quand même exceptionnelle si besoin est de le rappeler, ne semble pas sortie cette fois d'un chur d'église et l'émotion passe et fait mouche là ou ça fait secrètement bobo. Les vocalises restent mais ne sont plus le pilier central qu'elles étaient sur "Grace". Même une ballade comme "Opened Once" qui aurait pu sombrer dans le larmoyant à deux francs est ici touchante, vibrante et nous explose à la face. L'ange immaculé a soudain été frappé par la poussière, la saleté, une certaine rugosité qui manquait cruellement à "Grace". Le deuxième CD quant à lui est un amalgame de morceaux plus ou moins aboutis de Buckley, la plupart du temps seul en studio. Si l'ensemble n'est pas assez homogène pour prétendre à l'appellation d'album, il est intéressant d'écouter Buckley s'essayer à des genres qui ne lui sont pas (du moins par rapport a ce que l'on savait) coutumiers. On trouve quand même une reprise de Genesis "Back in New York City" et un morceau qui rappelle furieusement Donna Summer!!!! Même si à n'en pas douter, ces morceaux n'auraient pas dû voir le jour, on y trouve quelques perles comme le rockeux "Honeyman" ou "Murder Suicide Meteor Slave" dans l'espace. Un excellent double album, peut être même le véritable premier album du génie à la voix d'ange.
Note de frais : (The Incredible Melting Man) |
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