"Liquid Tension Experiment #1"
Label : Magna Carta
Distributeur : ??
Date d'enregistrement : 1998
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LTE est sans doute l'expérience musicale la moins scientifique mais la plus créative des années quatre-vingt dix. Tout commence à la fin 1996, quand Magna Carta demande à Mike Portnoy, le fantastique batteur de Dream Theater, de réunir quelques musiciens phares du prog autour d'un concept. Lui, il aurait aimé choisir John Lennon et Frank Zappa mais voilà, ces deux-là ont d'autres engagements et ne peuvent se libérer avant... longtemps, très longtemps. Juste après sur sa liste, on trouve Tony Levin (Peter Gabriel, King Crimson...) ou Billy Sheehan pour la basse, Jordan Rudess (The Dregs) ou Jens Johansson (Yngwie Malmsteen) pour les claviers, et une foule de guitaristes parmi lesquels Steve Morse, Dimebag Darrell, Trevor Rabin... Au final, le quatuor retenu est exceptionnel: Mike Portnoy, Jordan Rudess (dont la prestation impressionnera tellement qu'il sera recruté au sein de Dream Theater à la place de Derek Sherinian à partir de l'album «Scenes From A Memory»), Tony Levin et John Petrucci. Trois membres de Dream Theater, LA formation de metal progressif des années quatre-vingt dix, plus Tony Levin, l'extraterrestre de la basse au CV aussi long que ses cheveux sont courts. Tout est déjà là, dans ces quatre noms. Mais le concept de LTE va plus loin. Les emplois du temps des uns et des autres ne laissent qu'une fenêtre de cinq jours pour tout faire: écrire, jouer et enregistrer; cinq jours pour produire un disque! C'est exactement le genre de challenge que Mike Portnoy et ses amis aiment relever, aussi s'enferment-ils fin septembre 1997 dans les studios Milbrook, New York, et se lancent dans «l'expérience de la tension liquide»... qui se révèle être l'un des meilleurs albums de métal progressif des années quatre-vingt dix, rien de moins!!! «Paradigm Shift» (dont le thème est fréquemment repris, pour le plus grand bonheur des fans, dans les concerts de Dream Theater) et «Universal Mind» sont deux bombes atomiques hyper jubilatoires et sur-vitaminées, tandis que «Freedom Of Speech» ou «State Of Grace» calment le jeu, montrant ainsi l'ecclectisme et la subtilité des musiciens. Ces types-là sont aussi à l'aise avec le metal saturé de testostérone que dans les compos émouvantes, pleines de grâce et de sensibilité. Et techniquement, rien à dire. Mais alors rien de rien. Tous les quatre sont des monstres de précision et de professionalisme, doué par ailleurs d'un sens de l'improvisation remarquable, comme en témoigne LE morceau de l'album, «Three Minute Warning». Dans ce long jam d'une demi-heure Portnoy, Rudess, Levin et Petrucci se lâchent jusqu'à en oublier les petits soucis du monde matériel : à quelques minutes de la fin, le 24 pistes utilisé pour l'enregistrement s'arrête (ben oui, ils n'avaient pas prévu d'aller aussi loin...), les obligeant à recourir au petit DAT que Mike Portnoy fait tourner en permanence lorsqu'il joue. Sur l'album, le changement de son est flagrant, mais bon tant pis: c'est spontané, c'est frais. Je kiffe.
Note prog-metal fait à l'arrache :  (Fredaze) |
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