Various Artists : «At home with the groovebox»
Label : Grand Royal
Distributeur : Source/Virgin
Date d'enregistrement : 2000
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Hum... ah beurk une compile! Ah oui mais attention la pochette est très zolie, dans la même veine «peinture d'enfants de notre enfance», et le disque sort chez Grand Royal, label des très estimés Beastie Boys. «Et alors?» me direz-vous, attendez, attendez, ce n'est pas qu'une compile, c'est tout un concept. Une Groovebox MC-505 est une espèce de machine infernale qui combine les boîtes à rythmes Roland modèles 808 et 909, un synthé toujours Roland modèle 303 et quelques banques d'effets. L'idée de l'album fut d'envoyer une de ces Groovebox a un parterre de dinosaures électroniciens (Jean-Jacques Perrey, Gershon Kingsley, Dick Hyman), de têtes de pont de ce rock indé chers aux Inrocks et à Bernard Lenoir (Beck, Pavement, Sonic Youth, Bonnie Prince Billy), de seconds couteaux de l'écurie Grand Royal (Sean Lennon, Cibo Matto, Buffalo Daughters) et de seconds couteaux moisis dès le départ (Air, Bis). Chacun y va de son inspiration (ou pas) pour pondre un track juste avec des vocaux et cette Groovebox-boîte-à-faire-les-cons-avec-des-vieux-sons. Bien sûr l'ensemble est très inégal, même si l'unité de son liée à «l'instrument» le rend presque homogène. Des 16 titres du double vinyle (14 sur le CD, eh eh!), en fait on en gardera 8. Pour une compile, finalement, on s'en sort plutôt pas mal, 50% de réussite, ce n'est pas si fréquent... Curieusement, ce sont les dinosaures, pionneirs du sampling dans les années 70, qui s'en sortent le mieux, Jean-Jacques Perrey tout d'abord avec un tout funky «The groovy Leprechauns» euphorisant puis Gershon Kingsley avec un remake tout sautillant de son «Popcorn» de 1970, qui fût pendant longtemps le générique de Nulle Part Ailleurs première époque. Ça ferait un superbe single. Pendant ce temps-là, John McEntire fait du Tortoise tout seul sur «J.I.H.A.D.», pendant que Air puent du bec, comme d'habitude («Planet vega»): même en 45 tours accéléré cette fois leur titre endort. Pourtant sur un de leurs premiers maxis, il y avait un super track qui joué en 45t accéléré était vraiment... ouais, super. 1 titre à garder dans toute leur discographie, et encore à jouer accéléré: voilà la vérité dite sur Air. Tournons-nous plutôt vers nos petits préférés: Pavement font du Beck époque «Mellow gold» sur «Robyn turns 26» et du n'importe quoi jouissif sur l'instrumental «Watch out» (disponible uniquement sur l'édition vinyle); Money Mark nous rejoue son «Insects are all around us» extrait de son premier album en «If you want me to stay» de Sly Stone version électronica djshadowesque; Beck lui se la joue feignant sur un «Boyz» électro-80's sympatique mais anecdotique et c'est finalement Bonnie «Prince» Billy, alias Palace, alias Will Oldham, qui est le plus surprenant, détournant l'outil pour mieux se l'approprier et faire de l'éthéré «Today I am celebrating again» une petite symphonie de poche des plus sensibles, comme d'hab'. L'objectif de la compile est en tous cas bien atteint: il est ici prouvé que c'est la créativité de l'artiste qui fait l'uvre et non pas la puissance des machines utilisées.
Note rétro activisme electro pop : (Djouls) |
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