Dave Matthews Band : "Live at Red Rocks 8-15-95"
Label : RCA
Distributeur : Import US (Gibert Joseph)
Date d'enregistrement : 15 Août 1995
Date de sortie : 1997

Putain ce que ça devait être bon d'être au Red Rocks Amphitheatre en ce soir du 15 août 1995... A l'époque moi j'étais coincé entre deux années de classe prépa et je n'avais pas l'ombre d'un soupçon d'idée que pouvait exister quelque part un groupe aussi fantastique. Je stressais quant à la suite de mes études et eux, là-bas, ils faisaient danser des milliers de personnes au son de la musique la plus chaleureuse, enthousiaste, jubilatoire, sympathique, optimiste, fuckin' groovy -et toutes ces sortes de superlatifs à forte connotation positive- de la Création. Août... le mois le plus chaud de l'année, mais aussi la fin de l'été, et cette petite mélancolie qui s'installe tous les ans à la même époque, sans qu'on sache trop pourquoi... «Live At Red Rocks» représente à la perfection cette double atmosphère : chaleur et mélancolie, énergie et moiteur. Tout commence avec un «Seek Up» obsédant, joué comme pour faire danser des dervishes tourneurs, le genre de truc qui vous hypnotise et vous met en condition pour le reste du concert. Mais pas loin après DMB réveille tout le monde avec la meilleure version de «Satellite» que j'aie entendue jusqu'à présent (ce morceau a trop la pêche, de toute façon), puis un «Two Step» peut-être pas aussi bon que celui de «Listener Supported», mais intéressant par cette couleur jazzy que lui donne Carter Beauford à la batterie ce soir-là. Et avant la fin du premier CD («Warehouse», comme souvent), un «Lie In Our Graves» pêchu arrive à se faire une petite place. Que demander de plus? Oui, ok, un deuxième CD... Ben le début de cette seconde galette n'impressionne pas particulièrement, mais bon faut relativiser: avec le Dave Matthews Band, on est quand même dans le domaine de la musique excellentissime. Mais à partir de «Rhyme And Reason», le concert prend une tournure inattendue... Dave Matthews commence à se lâcher sur un «#36» de treize minutes, superbement introduit par un solo de batterie de ouf malade. On ne comprend pas toujours ce que Dave chante sur cette version, mais je suis certain que lui non plus. Il scatte, fait pleins de petits bruits avec sa bouche, bref il commence à délirer grave. Et là le public est mis en condition: il sait que quelque chose va se passer. «Ants Marching», directement enchaîné, ne lui laisse aucun répit. C'est la meilleure version du morceau, encore une fois, notamment grâce à la basse de Stefan Lessard. A un moment donné, Dave tend le mcro au public qui chante le bridge en choeur, avant que Dave ne rebondisse et attaque le refrain: jubilation maximale. Rien n'est fabriqué, tout est authentique. Un sentiment de communion intime entre le Dave Matthews Band et son public s'impose: tout le monde est là pour partager son amour de la musique. Point. Le premier rappel calme le jeu, du moins en apparence. Mais c'est vrai que «Typical Situation» -magnifique par ailleurs- n'est pas précisément le genre de compo qui vous remplit d'allégresse. Mais là DMB l'utilise pour contrôler la fusion nucléaire amorcée quelques titres auparavant. Il a sa petite idée derrière la tête... Et puis vient la fin du concert, et le «All Along The Watchtower» traditionnel. Dès les premières notes, c'est l'hystérie dans l'amphithéâtre de Red Rocks. Pourtant cette version est presque atonale. La transe se poursuit en fait. Carter Beauford pose un break: explosion de joie. Un deuxième, un troisième... La guitare et le violon déboulent, puis Dave se rue sur le refrain en guerrier bersèrque. Une petite pause, un riff de guitare, une ambiance atmosphérique. Et Dave, possédé par sa musique, orchestre l'explosion finale de ce concert extatique. Wow. Note live trippant, quasi mystique : (Fredaze) Au début, Dave Matthews Band jouaient plutôt en première partie de Phish et consorts aux États-Unis (c'est comme ça que j'ai entendu parler d'eux ici). Ils ont participé au festival H.O.R.D.E. où ils ont pu jammer avec Phish, Blues Traveler... Après un premier album autoproduit ("Remember two things") en 1993, un deuxième produit par Steve Lillywhite en 1994 ("Under the table and dreaming") et un merveilleux troisième album en 1996, "Crash", toujours produit par Lillywhite, mais atteignant cette fois une forme de perfection pour le groupe, reconnu alors par ses pairs (n°2 au Billboard U.S., '97 grammy award for Best Rock Performance By Duo or Group with Vocal : "So much to say", première partie des Rolling Stones...), voici un concert complet de l'été 1995. Ce double live date de l'époque de l'enregistrement de "Crash". Dave Matthews (voix, guitare acoustique) me fait penser à Michael Stipe ou au chanteur des Counting Crows, par son timbre nasal, mais l'émotion, l'âme et la fraîcheur en plus. L'autre star du groupe, qui comprend Carter Beauford (batterie), Stephan Lessard (basse), Leroi Moore (saxophone) et occasionnelement Tim Reynolds (guitare), c'est le fantastique violoniste Boyd Tinsley. Écoutez, ce n'est que le premier d'une longue série d'enregistrements live de Dave Matthews Band. C'est très américain, un peu mélancolique parfois, mais ça groove terriblement. Deux CDs concluant sur une superbe reprise de "All along the watchtower". Quand passent-ils en France? (Leur site officiel : www.dmband.com) Note folk-rock : (Djouls)