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Mercury Rev le 24 Février à l'Élysée-Montmarte à Paris :
Personne n'ayant répondu à mon mail d'hier, V2 ayant réussi à me dégouter de l'envie de leur filer des thunes, c'était mal parti pour réussir enfin à voir Mercury Rev en concert... Ah! Mercury Rev. Ma passion pour ce groupe de malades du son date de 1991 (déjà 8 ans...) et de leur(s) premier(s) album(s), "Yerself is steam" couplé en CD avec "Lego my ego". Le premier de ces deux-là est presque inécoutable, je l'avais déniché la première fois à Manhattan, dans les bacs à soldes du Tower Records, en K7, pour 1$. Ma petite amie de l'époque n'avait pas beaucoup insisté pour que l'on fasse tourner la cassette en boucle lors de nos périgrinations (j'aime bien ce mot) autour du Grand Canyon, que soi-dit en passant il FAUT que vous voyez avant de mourir (comme cela est si bien expliqué dans le film "Grand Canyon" de 1991 lui aussi, avec Danny Glover, Steve Martin, Kevin Kline... par Lawrence Kasdan, qui cette fois ne s'est pas trop cassé les dents justement sur ce sujet inexploitable : il faut aller voir le Grand Canyon pour de vrai, sans qu'il y ait de mots expliquant cela...). Mais je m'égare. Donc cette K7 du premier album de Mercury Rev, nous ne l'avons que peu écouté à l'époque. Mais peu, c'est déjà un peu. Et je restais scotché sur cette musique indéfinissable, incompréhensible mais très attirante par ailleurs (surtout par son côté obscur, jeune jedi...). Finalement, ce sont les singles de Mercury Rev qui me firent ne jamais lacher ce groupe : "Car wash hair", "Something for Joey", "If you want me to stay" (reprise de Sly & the Family Stone!). Car tous ces singles comprenaient un presque tube, une superbe face B inédite ou démo, et 20 à 30 minutes de divagations sonores Sonic Youthiennes ou un truc dans le genre. Voilà qui fait vivre le fan : "oui mais alors pourquoi?", "Comment-se fesse?", "T'as entendu le truc à la fin?"... La curiosité l'emporta à chaque fois sur la douleur infligée à mes tympans et mon cerveau embrumé.
Si bien que j'ai même écouté plusieurs fois "Boces", le second album de 1993, dont je serais bien incapable de parler aujourd'hui. Ensuite, quand le chanteur David Baker s'est barré (s'est fait jeter aussi), son album solo mi-Boo Radleys mi-Mercury Rev (sous le nom Shady, en 1994) restait rigolo, sans toutefois supporter plus de dix écoutes... Et en 1995, arrive le troisième véritable album de Mercury Rev : "See you on the other side", que je conseille vivement à tout amateur de musique branché pop, noisy ou les deux. Depuis 1995, j'ai bien dû l'écouter une centaine de fois, cette merveille, en y revenant régulièrement, tellement ce disque a sa place dans mon Top 20. Mais en 1998, Mercury Rev essaie de mettre la barre encore plus haut et de nous sortir un album encore plus beau, encore plus intemporel : "Deserter's song". V2 nous gâchera le plaisir bien vite, avec ses éditions limitées, bonus CD et autres tentatives d'escroquerie pour nous faire acheter le même disque plusieurs fois. Mais l'album effacera tout cela avec le temps. Comme le "Pet sounds" des Beach Boys", le deuxième album de "The Band" ou le "Story of the ghost" de Phish : parfait à tout jamais.
Tout ça pour remercier V2 d'avoir négligé la caisse à l'entrée dès le début du concert de Mercury Rev hier soir, me laissant libre accès alors que je ne faisait que passer dans le coin histoire de voir s'il y avait du monde, un journaliste que je connaissais avec une place en plus, ou un attaché de presse de V2 à qui je puisse communiquer ma bile de leurs opérations marketing honteuses. Mais tout cela n'arriva pas. En fait je venais de finir mon stickos, je rentrais tranquille dans l'Élysée-Montmartre, et je suis allé voir et entendre une merveille de concert plus sonique que pastoral. Il y eu trois rappels, et à chaque fois de bonnes grosses lampées de gens s'en allaient, presque soulagé que le boucan soit enfin fini. Car oui, il faut le dire, Mercury Rev en concert, c'est grand. En disque, dernièrement, c'était beau, mais en concert, c'est grand. "a nettoie bien le conduit auditif, pas par le volume, mais par l'intensité des envolées, des acalmies qui les suivent ou les précèdent, par l'humour des reprises ("Raindrops keep falling on my head" au deuxième rappel!), par les deux guitares s'embrasant tour à tour ou l'une sur l'autre... Finalement merci V2. (Djouls)
Ça c'est de la chronique au top Djouls, et ca me ferait presque aimer ce groupe dont mon pote d'Ajaccio qui s'est installé à Londres (et que je devrais te présenter un jour tant vos gouts sont semblables) me bassine depuis 5 ans : j'ai bien essayé d'ecouter, mais c'est comme tous ces ressortissants de la Jeunesse Sonique, je n'y arrive pas et ca reste beaucoup de bruit pour moi. Enfin bon, les goûts et les couleurs hein... (JPP)
Oh! que je te comprends. Moi aussi j'ai mis des années avant de comprendre que Sonic Youth étaient parmi les plus grands génies musicaux de ces dernières années. Et c'est vrai qu'il s'agit au premier abord de raffut. Mais la musique, c'est comme le sport, plus tu entraîne tes muscles, plus tu peux aller loin dans la performance. Pour l'écoute, c'est un peu pareil. (Djouls)
D'après moi c'est plus une question de sensibilité que d'écoute, et je fais clairement un blocage sur ce genre de musique (comme sur la chanson française type Aznavour et Gainsbourg d'ailleurs), donc ça m'étonnerait que ça change, muscles ou pas muscles. En plus en ce moment je suis en plein Neil Young/Dylan donc c'est difficilement envisageable. Sinon j'ai fini 1984 et c'est vraiment énorme : description monstrueuse d'un monde totalitaire, et notamment à un moment une analyse hallucinante sur le fonctionnement perpétuel de la société en 3 classes et sur la façon pour une dictature de garder le pouvoir ad vitam aeternam, contrairement aux dictatures habituelles qui s'effondrent à un moment ou à un autre, appliquée à la perfection dans le bouquin, par contre qu'est-ce que c'est noir c'est hallucinant (il y a une love story mais plus que particulière, et des tortures mentales et physiques dignes de... rien que je connaisse mais vraiment super chaudes). Si vous voulez mon avis il vaut mieux écrire des bouquins maintenant parce que si on attend d'etre dans son lit de mort (comme Orwell quand il l'a écrit) on est déjà moins cool dans sa tête et ça s'en ressent. (JPP)
Je souhaitais revenir sur ce mail...
1. Tu es en pleine période Neil Young / Dylan. Sache que j'ai quelques bootlegs de Neil en CD qui valent le coup et que je peux te faire écouter. sinon en Dylan, il faut connaître : "The Freewheelin" (avec "Blowin' in the wind", "Masters of war"), il faut chérir et posséder et connaitre par cur : "Highway 61 revisited", "Subterranean homesick blues" (plus connu sous le nom de "Bringing it all back home" et "Blonde on blonde", j'adore aussi "Blood on the tracks" et "Desire". Pour ceux qui rétorqueront qu'on adore que dieu, je les laisserai à leur branlette sémantique sur la religion. Je n'ai pas encore écouté le "Live at the Royal Albert Hall" réédité récemment. Quand à Neil Jeune, c'est simple, "Everybody knows this is nowhere" (69), "Harvest" (72), "Zuma" pour la chanson "Cortez the killer" (75), et surtout "After the gold rush" (72) que je préfère à "Harvest" sont les premiers indispensables. C'est cool que tu apprécies la culture folk, dont nous pourrions parler des heures. Le folk, c'est quand même les racines de pas mal de choses tout en étant un style intemporel. Vive le folk! Maintenant, reparlons un peu de Mercury Rev. Sais tu que Levon Helm joue de la batterie sur un titre de leur dernier album? Que Garth Hudson joue du sax Alto et Tenor sur une autre, intitulée "Hudson line"? Que leurs femmes respectives font les backing vocals et les parties sifflées sur l'album? Sais-tu que Levon Helm et Garth Hudson sont deux éminents membres du groupe The Band qui a accompagné Dylan pendant de nombreuses tournées et qui joue sur certains de ses albums, en particulier le très célèbre "Basement Tapes", ou le superbe double live Bob Dylan & The Band "Before The Flood"? Sais-tu aussi que sur la dernière tournée, Mercury Rev finissent tous leurs concerts par un rappel qui est une reprise de Neil Young "Cortez The Killer" en une version d'anthologie? Sais-tu que par ignorance, tu repousse un groupe qui révendique les mêmes racines que toi en ce moment? Tu comprends que je tenais à répondre afin de te remettre sur le chemin du but. Neil Young / Bob Dylan / Mercury Rev : le lien est évident pour eux qui sont américains. Ils connaissent tous "After the gold rush" ou "Highway 61 revisited" par cur, ça fait partie intégrante de leur culture, dès tout petit. Nous n'avons pas ça, nous sommes obligés de nous instruire par nous mêmes. Et tous ceux qui ne comprennent pas cette obligation ont tort de choisir la voie des incultes.
2. 1984. Il faut que je lise ce bouquin. D'après ce que tu dis, ça ne me parait pas glauque et morbide, plutôt juste réaliste et visionnaire. Il ne faut pas oublier que nous (en tous cas je) sommes en guerre. Contre tout ça. contre le facisme, contre la connerie, contre l'argent (dans les sens 'l'économie'), contre la politique (qui ne l'est pas et se rapproche plus du grand guignol à vent), contre... je m'égare mais tu vois mon point de vue : il ne s'agit pas seulement de penser que 1984 ne doit pas arriver. 1984 est là. Liberté ne veut plus dire grand-chose aujourd'hui, regarde, un être humain n'est pas libre d'aller là où il veut sur terre, il y a des frontières : nous ne sommes pas libres. Et ce n'est qu'un exemple. Le pouvoir, la dictature sont partout. Beaucoup plus que l'amour. Et je suis optimiste.
3. Ce sont des gens comme Dylan, Neil Young ou Mercury Rev qui font de moi un homme + libre. Par leur musique, leurs textes, leur attitude (pas toujours bien sûr). Par ce qu'ils disent et par ce qu'ils font. Par ce qu'ils véhiculent et par ce qu'ils essaient de transmettre. Par leur volonté de toujours se faire écrouler les blocages. Comme le tien. (djouls)
Ce Djouls, c'est pire que la Fnac ! (Manu)
C'est vrai. La Fnac vend de la culture et de la merde (surtout de la merde au % de CA). Je partage ma culture et essaie de garder ma merde pour moi (j'aime bien Lloyd Cole par exemple). (djouls)
Pour Mercury Rev j'ai ce blocage sur les disques, mais why not en concert : tiens-moi au courant de leur prochain set... (JPP)
Il va bientôt être prêt mon article de ski de fond sur Mercury Rev... (The Incredible Melting Man)
Le reste de la discographie :
Mercury Rev : "Car wash air" (CD-single, 1991)
Mercury Rev : "Lego my ego" (1990-1992)
Mercury Rev : "Yerself is steam" (1992)
Mercury Rev : "Chasing a bee" (CD-single, 1992)
Mercury Rev : "Boces" (1993)
Mercury Rev : "Something for Joey" (CD-single, 1993)
Shady : "World" (1994)
Mercury Rev : "See you on the other side" (1995)
Mercury Rev : "Deserter's songs" (1998)
Mercury Rev : "Goddess on a hiway" (CD-single, 1998)
Mercury Rev : "Deserter's songs + bonus live CD" (1999)
Mercury Rev : "Delta sun bottleneck stomp" (CD-single, 1998)
Mercury Rev : "Opus 40" (CD-single, 1999)
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