Herbie Hancock : "The complete Warner Bros recordings"
Label : Warner Bros.
Distributeur : WEA
Date d'enregistrement : 1969-1972

Quand Herbie annonce en 1972 au manager de Miles Davis qu'il veut diriger une nouvelle formation, ce dernier est loin de penser que Herbie souhaite s'attaquer au sextet. Pour ce dernier, un groupe de cette taille est tout simplement incapable de tenir la longueur. Les tournées, les salaires sont quasiment impossible à assurer pour 6 musiciens. A moins de succès équivalents aux tournées des big bands de Benny Goodman, Woody Herman ou Count Baisie en pleine swing era, il fallait pas trop rêver. Mais c'était sans compter sur le formidable synchrétisme de Herbie Hancock. Ses premières productions en tant que leader pour Blue Note l'ont largement prouvé. En 1962, "Watermelon man" devient rapidement un hit avec une recette toute simple mais terriblement efficace: rajouter encore un peu plus de gospel dans du hard bop. En 1965, le jazz modal de "Maiden Voyage" comble tous les inconditionnels et la BO de "Blow Up" toutes la génération 60's qui découvre les modulations électroniques sur instruments. Puis, 6 années au sein du premier quintet électrique de Miles. Plongé à vif dans l'électrique, il mettra un certain nombre d'années à revenir à l'acoustique. Après les BO de "Death Wish" et "The Prisoner", Hancock enregistre la musique du dessin animé "Fat Albert Rotunda" de Bill Cosby pour la Warner. De la musique facile où jazz funk et ballades s'enchaînent dans l'esprit des grandes orchestrations 70's de Quincy Jones. "Wiggle-waggle" et "Lil' brother" rassemblent en plus des pointures Joe Henderson, Albert Heath et Buster Williams des habitués des grosses productions jazz funk 70's: Joe Farrell, Eric Gale, Joe Newman et même Bernard Purdie. Et le tout est mixé par l'incontournable Rudy Van Gelder, de la valeur sure, rien que de la valeur sûre. Quand on a les moyens comme Warner, pourquoi se priver! Par la suite on abandonne l'efficacité et le binaire à tout prix pour les modulations planantes. Le jazz funk, il y en a mais savamment enveloppé de couches sonores. Sur "Mwandishi" -enregistré le jour de la Saint Sylvestre 70- on entend pour la première fois Bennie Maupin et Eddie Henderson qui apportent un souffle en parfaite continuité avec les nappes de Rhodes. Hancock retrouve ici l'esprit du quintet de Miles Davis. Il se fait grand magicien échantillonneur; il tourne ses potards dans tous les sens, et les cuivres comme la basse à harchet de Buster Wiliams le suivent pour de longues plages. Par moment on croirait même écouter du Klaus Schulze. "Crossing", enregistré début 72 est du même accabit. Du Hancock ambitieux, qui se lance corps et âme dans l'électrique c'est à ne rater sous aucun prétexte. La suite on la connaît tous à peu près: de "Head hunters" à "Rock it", il y a des hauts et de bas chez le Herbie Hancock électrique. Ici, on ne se laisse pas avoir par la facilité et le son de l'électronique est encore tout chaud. Un grand pianiste, un grand arrangeur qui se met au service de l'électronique pour plus de nouveaux samples pour les générations à venir. Avec Herbie Hancock & Co., c'est satisfait ou remboursé. Note electro beginnings : (Loüm)