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La culture marketing s'imposant de fait depuis une dizaine d'année, Blue Note ne se contente plus d'en référer à un style musical Blue Bossa, Blue Break Beat, Blue Brazil, etc. pour vendre ses compilations. Ils sont carrément passé au stade définition d'un «univers produit» comme disent si bien les gens du marketing pour intituler leurs derniers produits. Comme il fallait évoquer l'univers de l'easy-listening, ils ont alors opté pour «Chips & cheers» et «Scotch & sofa». Et pour bien qu'on comprenne à qui sont adressées ces compilations, les pochettes sont à ce titre on ne peut plus pittoresques: de jeunes yuppies souriants, beaux, la trentaine et le tein UV, se détendent accoudés à un bar ou allongés dans un sofa. En donnant carte blanche à une de ses dernières signature -Booster, indigent ersatz d'électro- Blue Note ne s'adresse plus aux turn-tablists, mais à une jeunesse dorée qui elle, a le pouvoir d'achat.
Dès la fin des années 60, alors que le free jazz avait bien entamé son travail de métissage, Blue Note proposait déjà ce genre de produits formatés pour les bars-cocktails. Grâce à des artistes comme Horace Sylver, Lee Morgan, Donald Byrd ou Grant Green, Blue Note avait suffisamment produit le jazz-soul pour se permettre encore aujourd'hui de le compiler sans rentrer dans la logique des tubes. Ici on a droit tout d'abord à 2 big bands west coast hauts en cuivres de Buddy Rich, aux 3 Sounds reprenant le classique «Ye Ye» de Jon Hendricks -déjà largement éculé- pour contenter les néophytes, 2 batucadas de Duke Pearson et de Elvin Jones, un boogaloo de Jack Mc Duff; puis arrive le gros son 70'. Et là, ça se gâte: Gene Harris la joue grosse basse et gros beat, Bobby Humphrey fait dans le sirupeux comme bien souvent et Donald Byrd de 1974: début de sa période daube après les excellents «Street Lady» et «Black Byrd» ose même laisser traîner un passage de soprano à la Kenny G. Si «Chips & cheers» présente l'aspect pêchu, «Scotch & sofa» fait dans le relax. Malheureusement, on s'endort carrément. Au lieu de convier les 3 Sounds ou Lonnie Smith, ils auraient mieux fait d'aller piocher chez Ike Québec, il n'aurait pas été de trop. Bref, «Chips & cheers» tient encore la route de l'éclectisme joué par Blue Note depuis le «Blue breakbeats Vol 3»; mais «Scotch & sofa» s'essouffle sérieusement. Ces 2 dernières compilations traduisent à elles seules la politique actuelle de Blue Note: brasser large sans trop prendre de risque. La drum & bass acoustique de Erik Truffaz influencée par Photek, et plus récemment le down tempo de St Germain en sont 2 exemples probants.
Note jazz gospel blues : (Djouls) |
Commençons par quelques références et complètons au fur et à mesure...
Le reste de la discographie incomplète :
Cannonball Adderley : "Somethin' else" (1958)
Brother Jack McDuff : "Down home style" (1969)
Kenny Burrell : "Introducing Kenny Burrell" (1956)
Herbie Hancock : "The complete Blue Note sixties sessions" (1961-1969)
Herbie Hancock : "Takin' off" (1962)
Charlie Hunter & Leon Parker : "Duo" (1999)
Medeski, Martin & Wood : "Combustication" (1998)
Medeski, Martin & Wood : "Tonic" (2000)
Lee Morgan : "The sideminder" (1963)
Wayne Shorter : "Juju" (1964)
Erik Truffaz : "The dawn" (1998)
Various Artists : "Blue Break Beats Volume 1" (1992)
Various Artists : "Blue Break Beats Volume 2" (1994)
Various Artists : "Blue Break Beats Volume 3" (1997)
Various Artists : "Blue Break Beats Volume 4" (1998)
Various Artists : "Blue Juices Volume 2 - Squeeze" (1998)
Various Artists : "Blue note Mixtape vol.1&2 - Chips & cheers - Scotch & sofa" (2000)
Various Artists : "CARNIVAL, spicy flavors & exotic grooves set fire to Blue Note" (2002)
Various Artists : "Look into the flower, trip on psychedelic grooves wit Blue Note" (2002)