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Comment éviter la comparaison facile entre cet album et certains opus de John Coltrane? Nous évacuerons d'entrée cette passionnante question, si ce n'est pour avertir les lecteurs qui découvrent Wayne Shorter qu'une filiation entre Trane et ce dernier est un lieu commun. Si l'on ajoute stupidement que le trio qui l'accompagne ici est celui du John sus-nommé, voilà qui permet de clôre le sujet, pour aborder ce qui nous intéresse présentement, c'es-à-dire, la valeur intrinsèque de ce disque pour nos oreilles.
Toutefois, si le nom de Wayne Shorter vous évoque avant tout un gros balaise en santiags spécialisé dans le marquage au fer-rouge des veaux égarés dans le Grand Canyon, une légère mise au point s'impose. Wayne Shorter n'a aucun rapport avec John Wayne, même s'il en a un avec John Coltrane. Vous me suivez, OK, on continue. Lorsqu'il enregistre «Juju» (son 2ème album pour Blue Note), en 1964, Wayne s'est déjà illustré au sein des Jazz Messengers, où il a remplacé Hank Mobley (à ce propos, laissez-moi vous narrer une savoureuse anecdote: Hank Mobley quitta ce groupe à la suite de désaccords financiers avec le leader, Art Blakey. Ce dernier, ulcéré de l'entendre vociférer «Mo'Blé! Mo' Blé!» -NDT: des sous, des sous!- à longueur de concerts, le congédia prestement) . Cette même année, il est engagé dans le quintet de Miles Davis, où il joue aux côtés de Herbie Hancock, Tony Williams et Ron Carter. Il y restera jusqu'en 1970, participant aux albums mythiques de la période «électrique» du trompettiste, avant de fonder Weather Report en compagnie de Joe Zawinul.
Ce rapide parcours résumé permet de mieux comprendre les aspirations de ce musicien né dans l'ombre pesante de Coltrane. Brillant soliste, Shorter gardera longtemps l'étiquette «post-coltranien», composant, comme son maître, des thèmes aériens, où son jeu, tantôt rude, tantôt limpide, explore un univers qui s'affranchit des conventions hard-bop, pour s'ouvrir aux libertés modales. Maintenant, relisez cette dernière phrase en prenant l'accent de feu Garcimore. C'est nettement plus digeste.
Mais revenons à «Juju»: disque passionné, fiévreux, vital, il dévoile 6 superbes compositions, dont le célébrissime «Yes or No». Plus «léger» que son premier album pour Blue Note («Night Dreamer»), «Juju» n'en reste pas moins très représentatif de cette quête qui anima la plupart des jazzmen des 60's, à la recherche de «nouveaux espaces». Allez, je ne résiste pas: «Juju» est trop jujuissif! Désolée…
Note Ju, Juju, Jujuissif :  (Annie Ball) |
Commençons par quelques références et complètons au fur et à mesure...
Le reste de la discographie incomplète :
• Cannonball Adderley : "Somethin' else" (1958) 
• Brother Jack McDuff : "Down home style" (1969)
• Kenny Burrell : "Introducing Kenny Burrell" (1956)
• Herbie Hancock : "The complete Blue Note sixties sessions" (1961-1969)
• Herbie Hancock : "Takin' off" (1962)
• Charlie Hunter & Leon Parker : "Duo" (1999)
• Medeski, Martin & Wood : "Combustication" (1998)
• Medeski, Martin & Wood : "Tonic" (2000)
• Lee Morgan : "The sideminder" (1963)
• Wayne Shorter : "Juju" (1964)
• Erik Truffaz : "The dawn" (1998)
• Various Artists : "Blue Break Beats Volume 1" (1992)
• Various Artists : "Blue Break Beats Volume 2" (1994)
• Various Artists : "Blue Break Beats Volume 3" (1997)
• Various Artists : "Blue Break Beats Volume 4" (1998)
• Various Artists : "Blue Juices Volume 2 - Squeeze" (1998)
• Various Artists : "Blue note Mixtape vol.1&2 - Chips & cheers - Scotch & sofa" (2000)
• Various Artists : "CARNIVAL, spicy flavors & exotic grooves set fire to Blue Note" (2002)
• Various Artists : "Look into the flower, trip on psychedelic grooves wit Blue Note" (2002)
