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2003-01-01

LE MP3 ET PLUS GÉNÉRALEMENT LA MUSIQUE NUMÉRIQUE EN 2003

Conclusions : Que faire alors?

Bussinessmen -> rejetez toutes vos éventuelles idées de sites basés sur des modèles économiques liés aux modèles économiques que les majors proposent: les pipelines de tracks, les webradios tournant à perte, les extraits audio payants, etc., ne seront jamais viables pour vous. Ce marché-là n'est pas ouvert. Oubliez l'histoire, et vive les sites "artistes"!

Artistes et labels indépendants -> après avoir pris conscience de la réelle place de la valeur ajoutée dans l'industrie du disque et de la musique, à savoir dans la création et dans le contrôle des droits sur cette création, n'hésitez pas à rester éditeurs et producteurs de vos oeuvres, ou à ne vous associer qu'avec des personnes qui s'occuperont de vous et non pas de leurs vaches-à-lait.

Mélomanes -> téléchargez du son allègrement, et n'oubliez pas d'acheter les disques et les tickets de concerts de vos artistes préférés, une fois votre choix bien défini, après avoir écouté tous ces petits fichiers numériques qui feraient soit-disant tant de mal à la musique. Saounds.com est fait pour vous.

-> Argumentaire :

Un article écrit par Robert Von Goeben, ex-boss des activités Internet au mileu des années 90 chez Geffen Records décortique parfaitement le fond du problème. Il date de Juin 2002 et s'intitule "How to beat the record labels on the Web".

Vu ses anciennes responsabilités, le bonhomme sait de quoi il parle, il était en major, aux États-Unis, responsable du département Internet (chez Geffen). Son point de vue, forcément personnel, se porte sur les majors de l'industrie du disque, et leurs relations (contractuelles) avec leurs artistes et les start-ups qui veulent se lance sur le web musical, en particulier la distribution de musique par ce biais.
Pour lui, tout est dans le contrôle des droits sur les enregistrements. Les majors l'ont bien compris, et pour tout artiste qui signe avec elles, ce sont elles qui décident si et où les enregistrements de cet artiste pourra être joué, diffusé, téléchargeable, à disposition sur des réseaux peer-to-peer, etc. Ainsi le seul service de musique sur Internet qui sera viable (viable="pour lequel les gens seront prêts à payer" selon Robert...) proposera un catalogue de fichiers musicaux correctement taggés et archivés, sans aucune restriction sur l'utilisation personnelle qui en sera faite après écoute, enregistrement du stream, etc. Et pour être viable il (enfin... "elle": la start-up qui montera le service web en question) devra obligatoirement signer des artistes, afin d'avoir le contrôle de la destinée de la distribution numérique de leurs musiques.
Et bien évidemment, vu qu'il a bossé en major, il essaie de nous forcer à admettre que les majors proposent quand même d'une part un chèque non négligeable, mais surtout et d'autre part un certain avantage compétitf en terme de puissance et d'expertise en matière de promotion et marketing. Nous nous permetterons de rester vastement dubitatif quand à l'expertise des majors en terme de promotion et de marketing (elles ne font que répéter des recettes qui marchent déjà et n'inventent jamais rien, nada, nibe, keud), mais il faut admettre que c'est en effet un des arguments qu'elles invoquent (ne pas hésiter à se marrer et à demander avec quels médias précisément elles comptent maquer vos productions si une opportunité se présente).
La fin de l'article est plus flou: d'un côté Robert estime que bientôt un indépendant commencera à imaginer une utilisation efficace et stratégique de distribution numérique de musique, de l'autre il est beaucoup moins tempéré et clame que "C'est le contrôle des enregistrements eux-mêmes, et pas les tuyaux pour les livrer, qui feront la valeur des actions des futures entreprises de distribution de musique. La distribution en ligne de la musique n'à rien à voir avec la technologie. Il y a suffisemment de technologie qui existe et est crée pour produire n'importe quel service de musique pour consommateurs que vous pourriez probablement imaginer. Le jeu deviendra vraiment intéressant quand le coeur même de l'industrie musicale -la création et les sources de cete création- sera défié."
En gros, tant que les start-ups essaieront de distribuer la propriété d'autrui (de façon pirate ou pas), elles iront dans la mur. Elles devront développer leurs propres propriétés, leur propre catalogue éditorial en matière de musique...

Pour les artistes et labels indépendants, il faut trouver de nouvelles idées. Le label de Robert Fripp (King Crimson, entre autres), est un bon exemple. Il partage les droits et les bénéfices avec leurs artistes. L'artiste conserve les éditions sur ses morceaux, et a une plus grande part de royautés. En contrepartie, le label touche une partie de recettes des tournées et du merchandising. La frontière entre l'éditeur, le producteur, le manager, etc., devient plutôt floue, mais l'artiste comme le label sont du coup plutôt chacun encouragés à promouvoir et à développer l'artiste, et tout le monde y gagne... On peut aussi imaginer que -pour une major comme pour un label indépendant-, un artiste refuse de signer un contrat global pour l'exploitation et la diffusion de ses oeuvres musicales sous forme numérique sur Internet, qu'il imagine en lieu et place un autre contrat, qui incluerait une clause précisant la durée et la forme d'éxécution du contrat d'une autre façon. Un exemple: "je signe 10 chansons, pour chacune j'autorise jusqu'à million de téléchargements, même inachavés, sur une période de deux ans seulement, autorisation que je fournis contre la somme de XXX Euros, celle-ci n'incluant pas le versement des droits d'auteurs relatifs aux téléchargements, définis par ce contrat à hauteur de YYY Euros par téléchargement, même inachevé, répartis entre les divers ayants droits (auteurs, compositeurs, éditeurs, arrangeurs, etc) de la façon suivante...". Et oui l'artiste qui a le contrôle total sur ses oeuvres peut négocier au mieux toute proposition, et dans le cas du web, il peut même ré-inventer la donne, puisque tout est encore à faire...

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