The Grateful Dead : "Dick's picks vol.10, Winterland Arena 12-29-77"
Label : Grateful Dead Records
Distributeur : Grateful Dead Records
Date d'enregistrement : 1977

1 : Jack straw - They love each other - Mama tried - Loser - Looks like rain - Tennessee Jed - Minglewood blues - Sugaree - Promised land 2 : Bertha > Good lovin' - Playin' > China cat > Rider > China doll > Playin' jam > drums > Not fade away > Playin' 3 : Terrapin - Johnny B. Good + 12/30/77 Prophet > Eyes > St Stephen > Sugar magnolia

Parler de musique, c'est pas facile. Ecrire, c'est pire: on peut vous relire. Alors quand il s'agit du Grateful Dead, ce ne sont plus les mots qui manquent, mais les superlatifs. Ils constituent l'ultime exemple de cette difficulté tant l'ensemble de leur musique est diversifié, captivant, magique, insaisissable. De plus, il existe dans le livret du CD la meilleure chronique rèvée sur ce concert, l'auteur y était (et à plein d'autres aussi). Et ce concert est grand! On le sent, on l'entend, dès le premier set, le premier morceau. Au second solo de Garcia, on comprend quelle sera son humeur ce soir: enjouée, tapageuse, rageuse, apoplexique. Il est rare de l'entendre délivrer une énergie aussi brute, saturée, quasi-sexuelle. Je suis sûr qu'au département sismologique de l'université de Standford à San Francisco, il y a sur l'echelle graphique sismique du 29/12/77 quelques pics et secousses en fin de soirée qui appartiennent à Jerry et sa guitare: 'The big Bad Wolf' ("Jack straw", "Minglewood blues"). Tous les morceaux du set bénéficient d'un boost exceptionnel, tout ça je sais pas pourquoi, ils doivent être vachement contents ou un truc comme ça qui ne s'explique pas. Spécial bonus pour "Sugaree" (14 mn) qui promet un deuxième set incendiaire, on l'avait deviné. Promesse tenue: l'enchaînement "Bertha>Good lovin" est sidérant et il survitamine le tout. Vient ensuite le plat de résistance, le morceau de choix, de circonstance: "Playin' in the band". Surtout son leitmotiv instrumental, qui ouvre la porte aux impros les plus folles. Le jam est fluide, dynamique, innattendu. Garcia fait mijoter le tout un moment, puis tricote et enfin explose, bourgeonne et fleurit, avant de s'effacer de la scène, pour mieux y réapparaître quelques minutes plus tard, le riff de "China cat sunflower", rescapé de nulle part, brandit haut le cœur du bout de ses doigts, avec un sourire malicieux jusque là. Grande finesse d'enchaînement encore pour le "I know you rider", même pour ceux qui l'attendait au tournant. Et que je te re-jamme tout ça, après un "China doll" un peu incongru au sein de ce set, dans un excellent "Not fade away", qui finit sur la reprise attendue mais bienvenue de "Playing". Rappels: "Terrapin station" incroyable, surtout pour un 'encore', mais toujours trop court, ce qui ne suffit evidement pas à calmer l'hystérie collective ô combien justifiée. Du coup le Dead décoche un dernier rock'n'roll, "Johnny B. Good" (le roi des rappels), cardiaque à souhait, histoire d'en finir et d'épuiser une bonne dernière fois tous ces allumés trippés qui gigotent devant la scène. Les murs en tremblent encore jusqu'au lendemain, où , au travers de l'écho de la folie de la veille, le Dead nous tisse un deuxième set tout en finesse, d'une cohésion presque télépathique, qui justifie à lui tout seul l'achat, le vol ou le piratage de ce coffret. Même une fois le Winterland fermé, détruit, les murs abattus et leurs poussières répandues au quatre vents, je suis sûr, je sais que cette vibration résonne encore à nos oreilles et au-delà. Note quiet dead : (Ob)