Keller Williams : "Spun"
Label : Basil Leaf Music
Distributeur : Homegrown Music Network
Date de sortie : 1998

Troubadour de l'autoroute, poête au quotidien, musicien bohémien, acoustic human groove machine dont les jeux de mots et de guitare n'ont d'égal que sa voix, Keller Williams, enfant naturel de Kerouac, du Dead et des grands espaces, mutant du bout des doigts, est aussi inspiré dans ses compositions qu'avec celles des autres; véritable amoureux de la musique et pas que de la sienne, donc, il a tout de l'Huckleberry Finn version le-petit-rasta-dans-la-prairie de cette fin de siècle. Et en plus, il est trop cool comme mec! Maintenant, celui qui n'aime pas a le droit, mais il est... euh... comment dit-on déjà?... Ah! Oui... Il est un peu CON! Ou carrément insensible, il y en a... Non, vraiment! Comment ne pas être séduit, même tout de suite, dès le premier morceau: «Running on fumes», où il raconte sa vie sur la route, ses pauses-pétards avec tant d'esprit, de simplicité, de poésie et d'humanité à la fois. Et cela tout le long de ce troisième album exclusivement acoustique et quasi-solo. Il n'y est accompagné que sur 4 morceaux, «Thirsty in the rain» (délicieuse reprise de Pete Rowan, guitare/voix de Old & In The Way, entre autres) et «Porta potty» par Danny Knicely (mandoline) et John Flower (basse, «gut basket bass»), tous deux déjà présents sur «Buzz», et par Scott Harris (basse) sur «Stargate» et «Tribe» à la ligne de basse aux glissés envoûtants. Le reste, il le fait, comme d'hab, tout seul en 3/4 jours, en nous mettant une grosse claque à chaque titre: on passe du funky «221», où il chante la profondeur avec tant de légèreté, à la panthère rose aux 5 voix overdubbées en passant par un bluegrass endiablé dans lequel il tombe amoureux dans une queue pour aller pisser, pour finir sur une déclaration à sa femme, composée de mille petits chichis quotidiens, mais qui de ce fait les évite tous. Je ne vous parle pas de la gratte à l'envers, des percus qu'il joue tout seul (encore!) ou de la basse à l'archet, vous écouterez par vous-mêmes (ou alors vous appartenez à la catégorie mentionnée ci-dessus). Bref, c'est un disque plein de grâce, de charme, de trouvailles et de finesse; et si le folk se cherche un avenir, qu'on le lui dise tout de suite, cet avenir c'est lui et c'est aujourd'hui. Note FunkaDeadLicks : (Ob)